Qu'est ce qui fait la qualité d'un vêtement ?
Et la qualité dépend t-elle du prix ?
Plusieurs éléments entrent dans la fabrication d’un vêtement :
- La matière
- La coupe
- La confection
- Le contrôle qualité
Parlons matière !
Chaque matière a ses propriétés, ses avantages et ses défauts.
Si on prend l’exemple d’un pull, on se rend assez vite compte que le 100% c’est rare !
Il y a de plus en plus de « mix matière » sur le marché, les fibres synthétiques sont autant, voire plus, présentent sur le marché du pull que la laine.
Les fibres synthétiques, majoritairement issues des hydrocarbures, représentent 2/3 de la production textile mondiale.
Ce sont les fibres les plus utilisées par les marques de FAST-FASHION et la raison en est LE PRIX !
Le polyester, fibre synthétique la plus utilisée, coûte 2x moins cher que le coton
Ces fibres ne sont pas, pour autant, dépourvues d’avantages : elles résistent plutôt bien à la décoloration, elles ne rétrécissent pas et elles peuvent être plus résistantes à la déchirure. Elles sont, néanmoins, moins agréables à porter (porté longtemps, le polyester ne sent pas très bon).
Les matières naturelles (coton, laine, lin) ont des propriétés qui les rendent plus agréables à porter et plus facile d’entretien.
D’un point de vue matériaux, les vêtements moins chers ne sont donc pas forcément plus fragiles.
Par contre, la recherche du prix implique des concessions sur :
La coupe
Les coutures
Les finitions
Le respect des temps de pose
Les contrôles qualités en cours de fabrication, au final…
Des attentions qui FONT la qualité d’un vêtement.
LE PRIX
Outre les économies d’échelle et l’attention portée à la confection, ce qui fait les prix bas, c’est la délocalisation des productions vers les pays où la Main d’œuvre est la moins chère.
2005 a vu la fin de l’Accord Multi Fibre, ce qui correspond à la suppression des quotas d’importation.
Conséquence :
En 6 mois (01/01/2005 – 01/06/2005)
- Les importations de textile chinois ont explosé
- Pantalons : +712 %
- Pull : +656 %
- T-Shirt : +387 %
- La production française a chuté
- Filature : – 30 %
- Tissage : – 20 %
C’est à partir de ce moment que l’on a vu l’explosion de la part de l’Asie dans les importations de vêtements.
Aujourd’hui, l’Asie représente 70 % des importations Européennes de vêtements en valeur !
Selon Julia FAURE (cofondatrice de LOOM et présidente du mouvement Impact France), il y a une « prime au vice » dans le marché du textile :
Plus une marque fait mal, plus elle va être rentable.
La délocalisation entraine une baisse des coûts (division par 10 des coûts pour une délocalisation de la France vers le Bangladesh) qui donne un avantage compétitif sur les concurrents qui peut être utilisé pour baisser les prix ou augmenter la marge. Il n’y a donc pas d’intérêt économique pour les marques à faire de la qualité, à produire dans de bonnes conditions.
Ce qui se traduit dans les comportements d’achat des consommateurs :
Pour plus de la moitié des Français (55 % selon une étude menée par KANTAR World Panel en 2022) le premier critère d’achat est LE PRIX !
En 2023 (selon le baromètre Re-Fashion) la moyenne d’achat de textile et chaussure était de 15,60€
7 vêtements sur 10 achetés en France sont donc du LOW COST.
Tout le monde achète de la FAST FASHION….. nous y compris !
Même si SHEIN, BOOHOO ou TEMU sont devenus des symboles de la surconsommation, les enseignes qui vendent le plus de vêtements sont des enseignes de grande distribution classiques.
Ceci étant dit :
Peut-on se fier au prix ?
Autrement dit : un prix élevé rime-t-il avec Qualité ?
Malheureusement, le rapport Qualité / Prix a un peu disparu.
Certaines marques ont joué sur le levier « marge » que nous évoquions précédemment tout en rognant sur ce qui fait la « qualité » d’un produit, d’où l’apparition de produits chers de mauvaise qualité.
A contrario, certaines marques permettent d’accéder à des produits qualitatifs à bas prix grâce à la mondialisation mais aussi à la mauvaise utilisation des humains !
Problème : les conditions de fabrication sont odieuses (travail forcé, ouvriers très peu payés voire pas payés, environnement de travail insalubre…) Et donc, les conditions de travail expliquent qu’un vêtement pas cher peut être de bonne qualité.
Par ailleurs, on constate que les vêtements pas chers, qu’ils soient de bonne qualité ou non, sont portés moins longtemps que les habits haut de gamme.
Une étude sur la durée de vie d’un T-Shirt femme noir de FAST-FASHION a montré que les participantes ont tendance à jeter le produit avant même qu’il ne soit hors d’usage.
Auparavant (il y a 50/60 ans), tous les acteurs faisaient en sorte d’avoir la meilleure qualité possible car les consommateurs portaient très longtemps leurs vêtements. Ils avaient donc le temps de constater qu’un vêtement était de qualité ou non !
Aujourd’hui, les gens changent leurs vêtements tous les 3, 6 mois ou 1 an. Ils ne se rendent même plus compte que le vêtement est de mauvaise qualité car ils le portent trop peu pour s’en rendre compte.
Mais alors, pourquoi porter moins longtemps ses vêtements ?
Par effet de mode
Du fait de porter des vêtements moins agréables à porter
Du fait d’une perception moindre de qualité due au prix bas associé à une durée de vie moins longue du produit (étude sur le T-shirt noir ci-dessus)
Par définition, un vêtement low-cost est un vêtement jetable !
Comme il est moins cher de jeter que de réparer, les habits issus de la fast-fashion deviennent des vêtements jetables. Le même type de comportement a été constaté sur le petit ou le gros électro-ménager, fort heureusement la démarche amorcée par « MURFY » semble s’ancrer dans le temps. Nous avons donc bon espoir pour Au 21 Bis qui fidélise justement sur ce créneau de la réparation / transformation / création d’articles d’habillement entre autres.
Par opposition, comme le dit Julia FAURE, « Quand on achète un vêtement est-ce qu’on mettra l’énergie d’en prendre soin, de le réparer, de le faire durer et d’accepter la façon qu’il aura de vieillir ? »
Alors comment reconnaitre la bonne qualité ?
Les bons réflexes :
- Regarder les étiquettes de composition : un coton peut s’abimer, se détendre mais possède des propriétes et il est réparable !
- Vérifier la coupe : plus la coupe est près du corps, plus il y aura de synthétique pour que cela tienne. En prime, tous les élasthannes ne vieillissent pas bien.
- N’hésitez pas à demander des explications sur les produits : un prix se justifie (ou pas 😉)
Une chose est sûre : un petit prix détermine les conditions de fabrication !
Et petit message à l’attention des nouvelles générations qui comptent sur une retraite ou une sauvegarde du système français : en 1993, les CCI ont lancé une campagne publicitaire qui, à l’instar des consignes et autre …, pourrait bien revenir sur le devant de la scène :